Avant de réaliser l'exploit du tour du monde en ballon, il a fallut acquérir au cours des siècles, des méthodes de savoir et de constructions qui permettèrent aux plus téméraires de faire avancer la technique et de progresser dans le milieu de l'aérostation. Bien que la question de frontière ne soit pas la priorité au XVIII ème siècle, il est intéressant de comparer l'évolution du ballon à travers les âges et de se rendre compte des progrès accomplis par les Hommes avides d'aventures et de nouveautés.

Cette année-là, l'humanité cessera d'être rampante et s'octroiera le pouvoir de voler. Ce ne fut pas la moindre péripétie de notre histoire.  Cet événement planétaire, attendu par toutes les générations de tous les pays, eut lieu à Paris le 21 novembre 1783.

L'homme avait pensé quitter le sol en imitant l'oiseau. En cela, il avait fait fausse route. Il avait eu beau se coller des plumes et battre des bras très forts, il ne vola pas. Il lui fallait trouver un moyen (comme la roue, qui lui permit d'aller plus vite sur la terre) dont il n'existait pas de modèle visible dans la nature. Il fallait une véritable invention. Cette invention, ce fut le ballon.                                               

L'idée d'enfermer un gaz plus léger que l'air dans un récipient n'était pas nouvelle. Le moine italien Francesco Lana, notamment, en avait avancé le principe en 1670. &nb Néanmoins, la première mise en pratique fut réalisée par les frères Joseph et Etienne de Montgolfier, papetiers à Annonay, en Ardèche.  Joseph, le fougueux, l'imaginatif, allait découvrir le principe du ballon à air chaud, mais sans l'esprit méthodique et la ténacité de son frère Etienne, cette magnifique idée n'aurait probablement pas dépassé le stade expérimental. Tout commença par un petit sac de papier que Joseph fit voler dans son appartement, à Avignon, en 1782.    L'idée de Joseph était simple. Ayant observé que la fumée montait dans le ciel lorsqu'on allume un feu, il conclut qu'il suffisait d'enfermer de la fumée dans un grand sac de papier et de s'accrocher au-dessous pour voler.                                                                         

Les deux frères réussirent ainsi à faire voler, depuis l'usine à papier d'Annonay, plusieurs petits sacs faits de tissu et de papier encollés. Tout le village était intrigué et l'on sentait bien qu'il se préparait quelquechose d'étonnant. En effet, le 4 juin, profitant de la venue à Annonay des Etats du Vivarais (équivalent du conseil régional), Etienne et Joseph firent décoller en public un sac plus gros que les autres, en forme de sphère, constitué de fuseaux reliés entre eux par des boutonnières, ce qui n'était pas l'idéal pour l'étanchéité. Il s'agissait du premier aérostat, le premier engin volant de l'histoire.   A Paris, on apprend avec enthousiasme la grande nouvelle : enfin, l'homme à réussi à faire envoler un corps dans l'atmosphère ! Aussitôt après cette expérience, à Paris, le physicien Charles et les deux frères Robert, constructeurs d'appareils de physique, ont l'idée d'utiliser non pas l'air chaud pour s'envoler, mais l'hydrogène dont on vient de découvrir l'extrême légèreté.

Le 27 août 1783, malgré la pluie, trois cent mille Parisiens en délire acclament sur-le-champ de Mars le petit ballon à hydrogène sans passager de Charles et des frères Robert.                                                                          

C'est le coup d'envoi d'une compétition effrénée entre les Montgolfier soutenus financièrement par Réveillon, un papetier parisien, et l'équipe Charles et Robert soutenus par Faujas de Saint-Fond : n'est-ce pas le premier cas de "sponsoring" de l'histoire ? Quelle équipe réussira le premier vol Humain ? L'opinion populaire prend parti pour l'un ou l'autre. L'enthousiasme est alors à son comble.     

Il n'y a pas de temps à perdre, Etienne Montgolfier vient alors à Paris et s'empresse de fabriquer un second ballon à air chaud pour le présenter au roi Louis XVI. Mais la pluie et le vent détruisent l'enveloppe au cours d'un essai. En cinq jours, un nouveau ballon est reconstruit et le 19 septembre 1783 à Versailles, devant le roi et la reine, un mouton, un canard et un coq, enfermés dans un panier, s'élèvent sous cette deuxième montgolfière.

Un cavalier, émerveillé par le vol des animaux, avait poursuivi le ballon au grand galop et était arrivé le premier pour assister à l'atterrissage. Son nom : Pilatre de Rozier, physicien et chimiste.

Enthousiasmé, il décida qu'il serait le premier homme au monde à quitter la terre et, en fait, il réussira à se faire accepter dans l'équipe Montgolfier-Réveillon...                                                  

Chez Charles et Robert, on s'ingénie à trouver le moyen pour fabriquer beaucoup d'hydrogène. Dans les jardins de Réveillon, près de la Bastille où six ans plus tard éclatera la Révolution française, Pilatre de Rozier s'adonne déjà à des essais de vol dans une montgolfière maintenue captive par des cordes. Et c'est enfin le 21 novembre 1783, dans le jardin de la Muette à Paris, que put avoir lieu cet événement extraordinaire : le premier vol humain. Pilatre de Rozier et le marquis d'Arlandes quittent le sol devant un public pris "d'admiration, de terreur et de pitié" et traversent tout Paris pour atterrir près de  l'actuelle place d'Italie au milieu des moulins à vent. On estime que, durant ce vol, le ballon atteignit l'altitude d'environ 1000 mètres.                                       

Battus, Charles et Robert sont démoralisés. Le public doute de leur succès. Pourtant, dix jours seulement après la réussite de Pilatre de Rozier, le 1er décembre  1783, les deux amis apportent sous escorte au jardin des Tuileries, près de l'actuelle place de la Concorde, un ballon d'une construction si parfaite que nos ballons à gaz actuels sont presque identiques. Alors que l'envol de Pilatre de Rozier avait une tournure un peu confidentielle et aristocratique, deux cent milles personnes forcèrent ce jour-là les grilles du jardin des Tuileries pour voir décoller Charles er Robert. Les deux hommes firent un vol de plus de deux heures et atterrirent à Nesles-la-Valée, au nord de Pontoise. Charles repartit seul à bord et monta à 3000 mètres d'altitude.

 

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